En ce cinquantième anniversaire de l’indépendance les Amis de l’Algérie se devaient de rendre hommage à celui qui fut le premier grand penseur engagé dans l’étude psychologique du phénomène de la « Colonisation » et des retombées psychiatriques qu’il entraine chez le colonisé ainsi que sur le colonisateur.
Ce martiniquais né en 1925 à Fort de France, élève d’Aimé Césaire plus tard de Merleau Ponty entame suite à l’appel du Général De Gaulle une brillante carrière militaire dans le régiment du maréchal De Lattre De Tassigny. C’est dans l’armée qu’il a rejointe par idéal et où il est cité à l’ordre de la nation qu’il va découvrir la discrimination ethnique.
Ces études supérieures de médecine de psychologie et de philosophie à l’université de Lyon vont conduire ce brillant jeune psychiatre à rédiger son premier ouvrage « Peau Noire, Masque Blanc » implacable réquisitoire contre le racisme et la colonisation linguistique.
Devenu médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida en Algérie, il est l’initiateur de méthodes modernes de « sociothérapie institutionnelle » qu’il adapte aux patients musulmans. Il s’emploie avec son équipe de soignants à désaliéner et décoloniser le milieu psychiatrique algérien.
Car pour Fanon c’est la colonisation qui dépersonnalise, infantilise, déshumanise, acculture et aliène les sociétés. Il s’engage dès 1954 dans la résistance nationaliste algérienne et remet sa démission de médecin au gouverneur général Lacoste.
Exilé, il rejoint le FLN à Tunis où il collabore au journal El Moudjahid organe de la presse combattante.
Atteint de leucémie, il se retire à Washington où il publie son œuvre maitresse « Les Damnés de la Terre » avant de mourir à trente-six ans, quelques mois avant l’Indépendance de l’Algérie.
C’est à ce maitre à penser dont s’inspireront plus tard nombreux intellectuels du Tiers-monde que nous rendrons hommage le 30 juin 2012 à la Maison Internationale de rennes. En présence d’Olivier Fanon qui évoquera la mémoire de son père autour du film que René Vautier réalisa.